top of page

L'impact des conflits armés sur les enfants


Les conflits armés contemporains continuent de faire des ravages parmi les populations civiles, et les enfants en sont les premières victimes. Qu’ils soient tués, mutilés, enrôlés de force, déplacés ou privés d’éducation et de soins, les enfants subissent des violations graves de leurs droits fondamentaux. Selon l’UNICEF, environ 450 millions d’enfants vivent actuellement dans des zones touchées par des conflits ou sont déplacés de force par la violence. 

 

Les six violations graves identifiées par l’ONU


Depuis 2005, les Nations Unies ont établi un cadre de surveillance des violations graves commises contre les enfants en temps de guerre. Six types de violations sont systématiquement documentés :​ 


-       Le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats : Des milliers d’enfants sont enrôlés de force ou manipulés pour rejoindre des groupes armés. Depuis 2005, plus de 65 000 enfants ont été libérés de forces ou de groupes armés.  


-       Le meurtre et la mutilation d’enfants : Les enfants sont souvent victimes directes des combats. Par exemple, à Gaza, environ 40 % des plus de 33 000 Palestiniens tués depuis octobre 2023 sont des enfants.  


-       Les violences sexuelles : Les conflits armés exposent les enfants, en particulier les filles, à des risques accrus de violences sexuelles, utilisées comme armes de guerre.​


-       Les enlèvements d’enfants : Les enfants sont enlevés pour diverses raisons, notamment pour être utilisés comme combattants, esclaves ou pour des mariages forcés.​


-       Les attaques contre les écoles et les hôpitaux : Depuis 2005, les Nations Unies ont vérifié plus de 13 900 attaques contre des écoles et des hôpitaux.  


-       Le refus d’accès à l’aide humanitaire : Au moins 14 900 cas de refus d’accorder un accès à l’aide humanitaire aux enfants ont été vérifiés depuis 2005.


Les conséquences humanitaires et psychologiques  


Unicef
Unicef

Les enfants exposés aux conflits armés subissent des traumatismes profonds. Les conséquences incluent des troubles de stress post-traumatique, des troubles anxieux et dépressifs, ainsi que des retards de développement.  

Les enfants sont parmi les populations les plus vulnérables. En plus d’être souvent témoins de violences extrêmes, ils vivent dans un climat constant de peur, d’instabilité et de privation. Ces conditions affectent non seulement leur bien-être immédiat, mais compromettent aussi leur développement à long terme.

Sur le plan humanitaire, les enfants sont touchés par la destruction des infrastructures essentielles. Les écoles sont attaquées ou transformées en bases militaires, privant ainsi des millions d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. L’UNICEF estime que dans plusieurs zones de conflit, comme le Yémen, la Syrie ou encore la République centrafricaine, des milliers d’établissements scolaires sont inutilisables à cause des attaques ou de leur occupation par des groupes armés. Cette interruption prolongée de la scolarité limite les perspectives de toute une génération et alimente les cycles de pauvreté et d’exclusion.

La santé est également gravement affectée. Les systèmes de santé s’effondrent dans les régions en guerre, entraînant une augmentation de la mortalité infantile liée à des maladies évitables comme la rougeole, la pneumonie ou la malnutrition. L’accès à l’eau potable et à la nourriture est souvent compromis, ce qui contribue à la propagation des maladies et à des taux alarmants de malnutrition. Par exemple, au Soudan, près de quatre millions d’enfants de moins de cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë en 2024, dont près d’un quart dans une forme sévère, potentiellement mortelle. Cette crise alimentaire est directement liée aux déplacements de populations, à l’effondrement de l’économie locale et aux attaques contre les convois humanitaires.


Unicef / Eyad El Baba
Unicef / Eyad El Baba

Les conflits entraînent également des déplacements massifs. Par exemple, dans le Sahel central, les conflits armés ont poussé près de 2,7 millions d’habitants à fuir leurs terres, affectant particulièrement les enfants. Les déplacements forcés représentent une autre dimension humanitaire majeure. En raison des violences, des millions d’enfants sont contraints de fuir leur foyer, souvent sans accompagnement. Ils deviennent alors des réfugiés ou des déplacés internes, vivant dans des camps insalubres où les ressources sont rares, la sécurité limitée, et l'accès à l'éducation et aux soins presque inexistant. Ce déracinement engendre un sentiment d'insécurité permanent et accentue leur vulnérabilité aux abus, à l’exploitation et à la traite.


Sur le plan psychologique, les conséquences sont tout aussi dévastatrices. Les enfants qui vivent dans des contextes de guerre sont exposés à des traumatismes graves : perte de proches, exposition directe à la violence, torture, viols, recrutement forcé, etc. Ces expériences peuvent générer des troubles de stress post-traumatique, des troubles anxieux, des dépressions, des troubles du sommeil, ainsi qu’un sentiment de détachement ou d’insensibilité émotionnelle. Des études menées sur des enfants ayant fui des zones de guerre, comme en Syrie ou en République démocratique du Congo, montrent que la majorité présentent des symptômes de détresse psychologique.

Le stress chronique altère également leur développement cognitif et affectif. Il nuit à leur capacité de concentration, d’apprentissage et de gestion des émotions. Chez les plus jeunes, le traumatisme peut perturber le développement du cerveau, affectant leur croissance émotionnelle, leur langage et leur comportement social. Sans prise en charge psychologique adaptée, ces enfants risquent de porter les séquelles de la guerre toute leur vie.


Les réponses humanitaires doivent donc impérativement inclure un soutien psychosocial à long terme. Des programmes de soutien émotionnel, la mise en place d’espaces sûrs pour les enfants, ainsi que l’implication de travailleurs sociaux et de psychologues spécialisés sont essentiels pour les aider à se reconstruire. Malheureusement, ces services restent largement insuffisants dans la plupart des contextes de conflit, faute de financement et d’accès sécurisé


Unicef
Unicef

Ainsi, les conflits armés ont un impact destructeur, multiforme et durable sur les enfants. Au-delà des blessures visibles, ce sont les cicatrices invisibles, émotionnelles et psychologiques, qui constituent l’héritage le plus lourd pour ces jeunes victimes. Agir sur ces conséquences est essentiel pour reconstruire la paix et permettre aux enfants de retrouver leur droit fondamental : celui de grandir en sécurité et dans la dignité.



Le phénomène des enfants soldats


Parmi les conséquences les plus tragiques des conflits armés figure l'utilisation d’enfants soldats, recrutés de force ou manipulés pour participer aux combats. Ces enfants, parfois âgés de moins de 10 ans, sont enlevés à leurs familles, endoctrinés et contraints de commettre des actes de violence. Les groupes djihadistes tels que Boko Haram au Nigeria ou l’État islamique en Irak et en Syrie se sont tristement illustrés par cette pratique. L’UNICEF alerte régulièrement sur ce fléau, estimant qu’en 2023 encore, plus de 18 000 enfants ont été recrutés et exploités dans divers conflits à travers le monde. Le cas de Jojo ( de son vrai nom Isa Dare) , un enfant britannique de 10 ans emmené en Syrie par sa mère radicalisée en 2014 et utilisé ensuite dans des vidéos de propagande de l’État islamique, a bouleversé l’opinion publique. Ce drame, relayé par des journaux comme The Guardian, illustre comment des enfants peuvent être manipulés jusqu’à devenir à leur tour des instruments de guerre. Ces enfants soldats vivent ensuite avec des traumatismes psychologiques profonds et peinent à se réintégrer dans la société une fois libérés.


Australia news
Australia news

Les réponses internationales et défis persistants


Face à ces violations, l’ONU et l’UNICEF ont mis en place des mécanismes de surveillance et de protection. La Résolution 1612 du Conseil de sécurité a établi un mécanisme de surveillance et de communication sur les violations graves commises contre les enfants en temps de conflit armé. 

Face à la gravité des violations commises contre les enfants dans les conflits armés, la communauté internationale s’est progressivement mobilisée pour mettre en place des cadres juridiques, politiques et humanitaires destinés à prévenir ces abus et à protéger les enfants


Comme cité plus haut, l’un des dispositifs les plus significatifs est la Résolution 1612 adoptée en 2005 par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a instauré un Mécanisme de surveillance et de communication qui permet de recenser et de documenter les six violations graves contre les enfants en situation de conflit : recrutement, meurtres et mutilations, violences sexuelles, enlèvements, attaques contre les écoles et hôpitaux, et refus d’accès à l’aide humanitaire. Grâce à ce mécanisme, l’ONU publie régulièrement un rapport intitulé "Les enfants et les conflits armés", qui nomme les parties responsables de ces crimes, qu’il s’agisse d’États ou de groupes armés non étatiques.


En parallèle, des initiatives comme les Principes de Paris et les Engagements de Paris, signés par plus de 110 États, visent à prévenir le recrutement d’enfants soldats et à faciliter leur réintégration dans la société. L’UNICEF, en collaboration avec d’autres agences onusiennes et des ONG, met en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration pour aider les enfants libérés de groupes armés à reconstruire leur vie, à travers le soutien psychologique, la scolarisation et la formation professionnelle.

D’autres traités internationaux, comme la Convention relative aux droits de l’enfant datant de 1989, et son Protocole facultatif sur l’implication d’enfants dans les conflits armés de 2000, établissent clairement l’interdiction du recrutement de mineurs de moins de 18 ans dans les hostilités. La Cour pénale internationale, quant à elle, a contribué à renforcer l’obligation de rendre des comptes, notamment à travers la condamnation de Thomas Lubanga en 2012 pour avoir enrôlé des enfants soldats en République démocratique du Congo.

 

Cependant, malgré ce cadre normatif et institutionnel, les défis restent considérables. Le premier est l’impunité persistante : de nombreux groupes armés et gouvernements continuent de violer les droits des enfants sans être sanctionnés. Dans certains cas, les auteurs de crimes contre les enfants sont intégrés à des processus de paix sans être inquiétés, ce qui sape la confiance des victimes et affaiblit la justice internationale.

Un autre obstacle majeur est l’accès humanitaire limité dans certaines zones de conflit. Les acteurs humanitaires, y compris l’UNICEF, peinent à atteindre les populations vulnérables à cause de l’insécurité, des restrictions imposées par les autorités ou du ciblage direct de leurs opérations. Cela empêche la mise en place d’interventions de secours vitales, notamment pour les soins médicaux, la nutrition ou le soutien psychosocial.


Santé Afrique Bio
Santé Afrique Bio

Par ailleurs, les ressources financières sont souvent insuffisantes face à l’ampleur des besoins. Les appels à financement humanitaire pour les enfants affectés par la guerre restent régulièrement sous-financés, notamment dans des crises prolongées comme en Afghanistan, en Syrie ou au Sahel. Cette situation limite la capacité des organisations à répondre de manière cohérente et durable.

Enfin, un défi plus structurel réside dans la prévention des conflits eux-mêmes. Tant que les causes profondes des guerres telles que la pauvreté, les inégalités, l’exploitation des ressources, les rivalités politiques ne seront pas traitées, les enfants continueront à être pris au piège de la violence. La protection de l’enfance doit donc être intégrée dans les stratégies de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de développement à long terme.

 

 

Ainsi, l’impact des conflits armés sur les enfants constitue une crise humanitaire majeure. Malgré les efforts déployés par la communauté internationale, les enfants continuent de subir des violations graves de leurs droits. Il est impératif de renforcer les mécanismes de protection, de garantir l’accès à l’éducation et aux soins, et de poursuivre les auteurs de ces crimes pour mettre fin à l’impunité.​


Sources :


  • ONU

  • UNESCO

  • Le Monde

  • Wikipédia


Article rédigé par Célia Radenen et Morine Simonet

Commentaires


Logo de l'association UPCitéMUN

UFR Droit Économie Gestion - Site de Malakoff - Université Paris Cité 

10 Av. Pierre Larousse, 92240 Malakoff, France

  • Instagram
  • LinkedIn
  • Link
bottom of page